Préface

Récit du retour vers la Liberté de Georges HATT

Après cinq ans passés à l’OFLAG XVIIA

18 Mars au 11 Mai 1945

 

Le texte que vous allez lire est le récit, au jour le jour, du retour vers la liberté d’un jeune officier, après cinq ans de captivité. Il est usé, amaigri –il pèse soixante kilo- il en veut aux Allemands qui lui ont volé cinq ans de sa jeunesse, et qu’il désigne presque exclusivement par un « ils » anonyme et un peu haineux, il s’impatiente. Sa préoccupation, comme celle de ses camarades, est essentiellement de se nourrir. Et pourtant, il suit avec intérêt toutes les nouvelles concernant la progression des Alliés en ce printemps 1945, et il reste curieux de tout, admire les couchers de soleil, les paysages, les fermes et les villages, au point d’envisager d’y revenir un jour en famille pour faire du tourisme ! (Il changera d’avis plus tard, car à ma connaissance il a toujours refusé de remettre les pieds en Allemagne et en Autriche après la guerre, comme il a longtemps refusé l’achat de produits d’origine allemande.)

Ce récit est l’assemblage chronologique de deux documents laissés par Georges HATT : la base est un texte tapé à la machine peu après la guerre, dont on possède une pelure carbone, et qui a été numérisée par Guillaume. Par ailleurs, une grande partie, tout ce qui concerne les journées du 27 Mars au 3 Mai 45, est issue des petits carnets manuscrits, qu’il a fallu lire à la loupe, et qui ont sûrement été remplis pendant l’action. Cette partie manuscrite a été incorporée en italique pour l’identifier. Dans la mesure où des commentaires détaillés ne commencent à être tapés par Georges Hatt que pour la journée du 3 Mai, alors que son petit carnet se trouve complètement rempli quand il a fini de décrire la journée du 2, on peut penser qu’il a en fait rassemblé à la machine des notes éparses, griffonnées sur ce qu’il trouvait comme papier pendant le voyage.

Je ne sais pas ce qu’est devenu l’original de la frappe. Peut-être a-t-il été envoyé aux camarades qui ont écrit le livre « 6000 à l’Oflag 17A » édité au deuxième trimestre 1946. Ils ont en effet fait appel à leurs anciens camarades, peut-être pour étoffer leurs notes, en tout cas pour connaître le sort de ceux qui ne faisaient pas partie du même groupe qu’eux, au moment du rapatriement. Les notes de G.H. ne s’y retrouvent pas, en tout cas pas textuellement.

C’est vraisemblablement l’édition de ce livre assez complet qui a dissuadé Georges HATT de remettre en forme le récit de sa libération, qui aurait fait double emploi. Il l’a donc laissé à l’état de notes (dont il a fallu corriger quelques imperfections pour les rendre compréhensibles)[1], sans recherche de style, contrairement à ce qu’il avait fait pour le récit de la Débâcle. Les noms géographiques, pour beaucoup illisibles au départ, ont à peu près tous été finalement identifiés sur les cartes[2].

L’abondance et la précision des informations concernant les repas peuvent surprendre. Rappelons deux choses : ce récit suit plusieurs années de privations, et surtout quelques mois dramatiques. Il commence d’ailleurs sur ce sujet. D’autre part, comme Georges HATT le dit lui-même assez loin dans le texte, il était « popotier » pendant cette partie de sa captivité, ce qui l’obligeait sûrement à faire extrêmement attention aux portions distribuées à chacun. Le témoignage reste émouvant, tout en étant extrêmement précis et varié. La description du voyage en Forteresse Volante vous intéressera sans doute…

Didier HATT

Le 13 Février 2009

 


 

[1] Les titres (sauf le principal) ont été rajoutés comme des repères. Seules figurent les dates, en tête de paragraphe dans loriginal. (Toutes les notes sont de Didier Hatt)

[2] On pourrait parfaitement refaire le trajet aujourdhui, mais le village dEdelbach et le camp ont été rasés.