OFLAG V A Weinsberg

Notes : Georges Hatt avait 30 ans au moment des évènements. Il avait laissé chez lui une femme et deux enfants de 6 ans et de quelques mois. Dans le civil il était « fondé de pouvoir à la Société Alsacienne des Carburants ».
Il a commencé sa captivité le 3 Juillet 40 à l’OFLAG XVIIA à Edelbach en Autriche, à 100 kM au nord de Vienne. En tant qu’Alsacien, il a été transféré pour Noël 40 à l’OFLAG V à Weinsberg dans l’ouest de l’Allemagne, près de Heilbronn, avec l’espoir d’être libéré. Le 21 Décembre 40 il y était depuis trois jours. Il faisait donc partie de cette centaine d’officiers évoquée plus loin. En Avril 41, les Allemands ayant changé d’avis, il a été à nouveau transféré au XVIIA avec les autres Alsaciens.
Il a rédigé d’autres carnets racontant au jour le jour sa vie en captivité à partir de Janvier 1941 et jusqu’à sa libération en Mai 45 (Il n’y a rien sur la fin de l’année 1940).

OFLAG V A Weinsberg

21.12.1940 : Le mercredi matin 10 Décembre 1940 le vent soufflait en rafales glacées sur le plateau d’Edelbach. Des nuages gris courraient dans le ciel, et les collines de Moravie étaient estompées par une brume triste. L’OFLAG XVIIA étageait ses baraques sur la pente et semblait désert : les 5000 officiers qui l’occupaient, chassés par le mauvais temps, ne sortaient pas des baraques, et, seul indice de vie, les cheminées fumaient.

A l’entrée du camp, cependant, au bas de la colline, vers midi, il y eut une certaine animation ; un petit groupe d’une centaine d’officiers se rassemblait. Les Alsaciens qui devaient rentrer « bedingunglos »[1] dans leurs foyers pour Noël se réunissaient pour le départ. Chose curieuse, la plupart des visages étaient mornes, et ils ne semblaient manifester aucun plaisir à quitter cet endroit où ils avaient passé près de six mois, d’une façon pourtant peu agréable. Les adieux officiels par le Commandant du Camp ne modifièrent guère cette attitude, et les simples mots du Colonel Robert, commandant français du camp, « Messieurs, je ne vous dis qu’un mot : Au revoir » ne firent que la renforcer.

C’est le cœur serré que ces officiers s’engageaient sur la route glacée que six mois plus tôt ils avaient suivie en sens inverse, par un soleil de plomb, et qui allait les mener à la gare de Göpfritz… et vers leur destin.

Six mois plus tôt exactement…

 


 

[1] « sans condition »